23 août 2007

Qu'est-ce que tu fais pour la rentrée ?

Voilà l’été est fini. Du moins pour moi. Je suis donc contraint par mon employeur, c'est-à-dire moi-même, de reprendre mes activités sur ce blog. Forcément, comme je n’ai pas réfléchi pendant trois semaines à ce que j’allais mettre sur ce post de rentrée et que je ne peux pas non plus vous raconter les vacances de monsieur Hulot, je suis obligé d’improviser. Je vais donc vous raconter rapidement comment s’est passée cette rentrée au journal :

1- Malgré la pluie, je suis allé au journal à vélo, abrité sous ma casquette blanche et mon parapluie à carreaux. C’était une erreur. J'ai donc fait le reste du trajet à pied.

2- A la rédaction, une belle pile de courrier à dépioter m'attendait dans ma banette : pas une seule carte postale, ni une lettre d’amour ou même d’encouragements pour tenir jusqu’à l’été prochain. Pendant mes vacances je n’épistole qu’avec des attachées de presse qui durant tout le mois d’août ont travaillé dur pour trouver un moyen de me convaincre que leur nouvel appareil photo est meilleur et moins cher que celui de l’année dernière. Ca me déprime. L’année passée j’ai acheté l’appareil photo qui était pourtant meilleur et moins cher que celui de l’année précédente. Mais je me suis fais avoir car il était moins bien et plus cher que celui de cette année. L’année prochaine, on ne m'y reprendra pas. J’attendrai l’année suivante pour acheter un camescope.

3- J’ai aussi recu beaucoup d’emails : pas un mot gentil et toujours pas un message affectueux du genre « Votre article sur les GPS a été le principal sujet de discussion des apéros du camping de la Mouette rieuse à Argeles-sur-mer » ou « Toute l’émotion que vous transmettez dans vos articles sur le WiFi m’a bouleversé durant mes deux semaines à Djerba.». Je n’ai reçu que des conseils pour gagner à la loterie, des solutions efficaces pour allonger mon pénis ou des pubs pour acheter du Viagra de toutes les couleurs. Je n’ai pas répondu.

4- J’ai découvert que le commentaire passionné que j’avais reçu à propos de mon post sur les redresseurs de torts d’Acrimed n’avait pas été écrit par Anonyme, mais par quelqu’un que je connais très bien. C’est très décevant, car c’était mon seul vrai commentaire sur ce blog. J’ai pour principe de ne pas comptabiliser les commentaires déposés par moi-même, mes parents, mes amis et mes collègues de bureau.

22 juillet 2007

Le Tour de France Pharmacologique


Alors que le docteur Aimé Lapicouze remporte l’étape du jour, beaucoup se demandent si le docteur Jeremy Delatesto conservera le maillot jaune. L’écart entre le leader et ses challengers risque encore de se réduire à l’issue de l’étape des Pyrénées, pour laquelle, l’unique femme du peloton, le docteur Anna Beaulisant, est pharmaco-logiquement favorite. Mais ne préjugeons pas trop tôt du potentiel explosif du docteur Jonathan Pluque-Leupéaux, qui promet des surprises pour la fin du Tour de France Pharmacologique.

Edith Orialiste, en direct des pharmacies du Tour de France

21 juillet 2007

Vélib’ déraille


Quelques jours seulement après le lancement de Vélib à Paris, c’est déjà le cafouillage en chaîne. Aujourd’hui, la plupart des amateurs du vélo-boulo-dodo n’ont pas pu retirer leurs machines à gonfler les mollets de leurs bornes. La faute à « un problème informatique ». Quant aux chanceux qui ont trouvé des stations en fonctionnement, ils ne savent peut-être pas encore que le même système informatique en déroute, considère à l’heure qu’il est, qu’ils n’ont toujours pas ramené leurs vélos. Ils risquent donc de se voir débiter sans sommation, les 150€ de dépôt de garantie d’ici quelques heures. Heureusement, la mairie de Paris aurait décidé de rembourser les personnes lésées. De son côté, la communication de Vélib trouve tout cela bien normal. Il s’agirait de « quelques incidents techniques, inévitables en période de rodage du dispositif. » Espérons que Vélib’ se cantonne à la location de vélos. Je n’aimerais pas les voir relancer Airlib’, car les « quelques incidents techniques, inévitables en période de rodage du dispositif » pourraient faire de gros dégâts.

18 juillet 2007

Les viocs se révoltent

Gare les d’jeuns, les viocs sont en train de prendre le pouvoir. Aujourd’hui, Henri Salavador fête ses 90 ans au boulot, sur scène. La semaine dernière c’était Guy Roux qui, à presque 70 ans, obtenait de la Ligue de Football Professionnel l’autorisation d’entraîner les moutards du RC Lens qui, comme dans tous clubs de foot professionnel, commencent à penser à leur retraite dès l’âge de 25 ans.

Ce n’est qu’un début et c’est tant mieux. Tant pis pour les récupérations politiques des "vieux actifs". Ce qui compte c’est que les croûtes que l’on avait déjà enterrées, sont en train de claquer le beignet au jeunisme. Bientôt, le jeune devra se vanter d'être le vieux d'un autre, s'il veut vivre... vieux.

09 juillet 2007

Pub gratos

Après mon dernier post sur la pub, je ne peux pas m'empêcher de refaire un peu de pub pour ce site de pubs. L'idée est tout simplement géniale : il faut payer pour voir des pubs. Je pense que cela intéressera les hommes-sandwiches.

No Logo

Mon ami Tommy Lalternatif et moi ne sommes jamais d’accord dès qu’il est question de philosopher au comptoir sur la société de consommation. Lui, estime que notre vie est rythmée par les slogans publicitaires. Nos cerveaux seraient sous l’emprise de la marketoïne vendue par les dealers des hypermarchés. Bref, Tommy est un No Logo qui barbouille les affiches publicitaires dans le métro pour soigner sa pubophobie.

Mais Tommy tu te trompes ! Plutôt que de prôner la déconsommation, tu devrais faire comme moi : consommer intelligent. Par exemple, tous les matins, je suis content de retrouver sur la table de ma cuisine, l’ami du petit déjeuner, l’ami Ricorée. Sinon, j’ai toujours du Benco pour démarrer plein pot. Ensuite, je me brosse les dents avec Colgate Tonygencil, parce que Colgate me simplifie la vie. Après ça je me sens d’attaque pour me frotter la couenne au Tahiti Douche. Je pense à toutes ces filles nues et exotiques qui se font mousser sous la cascade. Je t’assures que ça fait un bien fou. Quand je sors de l’eau, c’est tout juste si je fais le geste Narta pour me tartiner les aisselles de déodorant. Par contre, je n’oublie jamais de vider un demi-pot de Stu-Stu-Studio Line de L’Oréal sur les cheveux. Ca me donne un air plus rebelle pour aller au bureau. Bien sûr, je prends dans mes poches au moins un Kinder Bueno, parce qu’il contient l’équivalent d’un verre de lait. C’est plus pratique dans le métro (ou même dans le TGV quand je prends le temps d’aller vite). C’est sûr, le verre de lait ça a un côté plus rural, plus tendance quand tu vis en ville. C’est ce qu’on se disait la dernière fois avec Jean-Pierre Saunil, le mec de la compta. Le lait dans le métro, j’en ai rêvé, Saunil l’a fait et il s’en est foutu partout sur le costard. Malheureusement son costard, c’était pas un Pampers. Ce qui est bien avec les fringues Pampers, c’est que même mouillées elles sont sèches. Le midi, quand tu manges au Mc Do, par exemple, tu peux aussi te renverser un litre de Coca light sur ton Pampers. Ca se voit pas. De toute façon, personne ne te fera de remarque désagréable. Ca se passe comme ça, chez Mac Donald. Ils sont vraiment sympas. Par contre, le midi moi j’évite la cafétéria du boulot. Parce qu’au dessert, ils te servent toujours des Bio de Danone. Là, si tu te renverses le pot sur la veste juste avant de sortir, c’est la catastrophe. Car avec Bio de Danone, ce qu’il fait à l’intérieur, ça se voit à l’extérieur. C’est con, mais du coup, t’es obligé de rester à la cafèt jusqu’à ce qu’il fasse nuit. Sauf si Findus Schlinkerborg, le cuisinier Finlandais, est là. Il a toujours des fringues de rechange. Heureusement qu’il y a Findus ! Hein ? Alors, tu peux rentrer chez toi peinard. Tu t’allumes CanalSat et tu regardes jusqu’à minuit le meilleur du numérique. Franchement Tommy, mon quotidien c’est Auchan, la vie, la vraie. Je ne te demande pas d’être aussi con que les hommes sandwiches. Ni de t’inscrire sur ce site où il faut payer pour voir des pubs. Non, je te demande juste de faire comme mon voisin Marc Intauche, Think Different !

Sinon, tu vas devenir comme les autres. Un consommateur d’idées bien emballées. No Logo, c’est un produit de la marque No. Tiens, t’as qu’à voir, ils sortent un nouveau truc à consommer sur place ou à emporter : No Kid. Et après ce sera quoi? No Sport, No Futur, No Sex…

No Lobo Tommy !

02 juillet 2007

Le col de l'utérus du Roi des Belges

C'est officiel, le Roi des Belges va mieux depuis son opération du col de l'utérus. C'est ce que vient d'annoncer la RTBF. Reste à régler le problème de ses ovaires qui ont été légèrement touchées lors de la fracture du col de l'utérus. Les médecins pensent néanmoins qu'Albert II ne devrait pas avoir de problèmes pour ses futures grossesses.

29 juin 2007

Bonjour... ça va... Au revoir

Comment la Street Culture va bouleverser nos comportements !

27 juin 2007

Suce mon Bic



Imaginée par le jeune designer Clément Eloy, « Suckmybic », version à peine porno-chic du célébrissime stylo Bic (en français « Suckmybic » se traduit par « Suce mon Bic »), ne devrait malheureusement jamais être produite. Pourtant, un capuchon-bonbon à la fraise au bout du stylo le plus sucé de la planète ferait sans aucun doute l’unanimité. Mais pour la marque, il est délicat de communiquer sur un détournement sexuellement connoté et pas forcément assumé, de son produit historique.

Il n’empêche, le concept Suckmybic est doublement bien vu. D’abord, parce qu’il promeut le produit non pas par son usage primaire, l’écriture, mais par son usage secondaire : la succion du capuchon. Ensuite, parce qu’il détourne, par un génial jeu de mot, l’expression anglaise « Suck my dick », c'est-à-dire « Suce ma… bipppp » (les bonnes mœurs m’interdisant de traduire le mot « dick » sur ce blog, je vous invite à aller ici pour en savoir plus).

Nous ne verrons donc jamais au bureau un Suckmybic en train de se faire téter tendrement le bouchon. Sauf, si Bic décide de créer la filiale « BicX », chargée de commercialiser la version hard-core de son fameux stylo !

A voir, de nombreuses autres réalisations de Clément Eloy sur son site : Feeladdicted !

26 juin 2007

Tant qu'il y aura des chômeurs

« Nous faisons travailler des chômeurs, car avec leurs Assedic, ils ont moins de difficultés que les bénévoles ».
L’auteur de ce propos est le très médiatique patron d’une nouvelle chaîne de télévision libre sur Internet. Il revendique une totale indépendance vis-à-vis des différents groupes de pression, notamment financiers, qui menacent la liberté de la presse traditionnelle. En effet, la télévision libre sur Internet existe par son credo : « vous êtes tous des journalistes ». C’est donc vous qui faites la télé. Une vraie belle oeuvre du web 2.0, le fameux web participatif, dans laquelle tout citoyen peut contribuer à l’information. Tout citoyen pourvu au moins d’une petite caméra numérique ou d’un vidéophone… et si possible des Assedic !

Finalement, la télévision libre sur Internet n’est pas si indépendante des pouvoirs de l’argent. Car, si comme chacun l’espère, de plus en plus d’entreprises embauchent de plus en plus de chômeurs, le vivier des journalistes citoyens va se tarir. Conclusion : la télévision libre dépend au moins de la santé des entreprises et d'une forme de mécénat d'état.
Viva la télévision libre, Viva la crise !

08 juin 2007

Dolce&Taggada

Avertissement

Le texte qui suit n’est pas un message publicitaire. Toute ressemblance avec des marques existantes ou ayant existé n’est que pur hasard.

Avant, les hommes-sandwiches étaient payés pour porter de la publicité sur leurs épaules. Aujourd’hui, ce sont eux qui paient pour enfiler des tee-shirts, des montres, des chaussures et autres lunettes de soleil barrés d’un énorme logo Dolce&Taggada, Kelvin Cain ou encore Armoni. Que s’est-il passé ? Les responsables de la pub sont-ils devenus vraiment très forts ? Ou bien les hommes-sandwiches sont-ils devenus vraiment très cons ? Je n’ose jamais poser cette question à un homme-sandwich quand j’en croise un dans la rue. Mais si vous-même appartenez à cette nouvelle génération, n'hésitez pas à me laisser un message pour m'expliquer votre pratique.

06 juin 2007

Suprême pintade

Généralement l’adjectif s’accorde avec le nom qu’il qualifie. Sauf dans la "gastronomie de bureau", qui dans les restaurants des grandes villes (et tout particulièrement à Paris) accorde l’adjectif aux espoirs culinaires des employés lors de la pause déjeuner. Par exemple, ce midi j’ai pu apprécier une « Suprême pintade aux figues » aussi savoureuse qu’un bouchon de liège. Peut-être, demain aurai-je le plaisir de déguster un « Impérial cassoulet à la saucisse » ou qui sait, une « Souveraine choucroute à la bierre ». Mes Royales babines déjà en salive.

30 mai 2007

L'évolutionnisme du créationnisme









Le créationnisme, qui considère que l’homme, les animaux, les plantes, la Terre, l’univers etc… sont l’œuvre d’un Créateur, reste une croyance qui comme toutes les croyances fait appel à la foi où à l’un de ses sous-produits, comme la « conviction », le « sentiment profond » voire « l’intuition ». Pas besoin de la justifier, de l’expliquer, de la mettre en équation pour la prouver, tant foi et démonstration scientifique sont par nature, antinomiques. Et pourtant, c’est bien là une des plus importantes occupations des créationnistes : la création peut être expliquée par l’évolution. Cette entreprise est surtout menée avec assiduité aux Etats-Unis par les fondamentalistes qui vont jusqu’à considérer que la Création s’est bien faite en 6 jours de 24 heures selon l’ordre indiqué par la Genèse. D’autres comme les Témoins de Jéhovah font quelques concessions sur ce temps générateur du Tout mais considèrent eux aussi que la Création peut s’expliquer par la science. Enfin, les courants les plus modérés sont notamment représentés par l’église catholique qui pourtant, jusqu’à une encyclique du Pape en 1996 ne reconnaissait pas la théorie de l’évolution. Cette reconnaissance tardive n’avait pas empêché d’illustres dévots comme Theillard de Chardin d’anticiper ce revirement en tentant le mariage contre-nature du créationnisme et de l’évolutionnisme.

Dernièrement, c’est la réédition d’un petit ouvrage des éditions du Cerf qui m’a ramené sur ce terrain. En 1984 dans sa première édition, l’ouvrage s’intitulait « Pour lire la Création dans l’évolution ». L’objectif était de donner aux catholiques quelques clés pour accepter la théorie de l’évolution sans pour autant remettre en question ses convictions religieuses. En résumé, l’évolution ok, mais dirigée par un Grand Ordonnateur et vers plus de complexité, c'est-à-dire l’Homme. Une tendance à la complexification démentie par la réédition de 2007, dans laquelle le titre a lui, évolué vers plus de simplicité. Il est passé de « Pour lire la création dans l’évolution » à « Pour lire la création, l’évolution ». En évolutionniste primaire, je vois dans la disparition de ce « dans » un schéma classique de la théorie de l’évolution. Le titre a été victime d’un processus évolutif simplificateur. L’un des ses attributs ancestraux, le fameux « dans », ne servant plus, il a été contre-sélectionné. D’où sa disparition. Une adaptation logique à un environnement devenu en deux décennies, de plus en plus hostile au créationnisme.

Ce changement est un véritable saut évolutif, en apparence. « Lire la création dans l’évolution » avait pour vocation de convaincre les croyants que leur foi ne devait pas être contrariée par une théorie scientifique de plus en plus difficile à renier. Avec le titre « Lire la création, l’évolution », la cible a changé. Le livre s’adresse à tout ceux qui veulent comprendre ces deux conceptions de l’univers, alors qu’en réalité, il reste un livre qui tente d’extraire au forceps ce que la science pourrait concéder à la religion. On est donc bien loin du fameux saut évolutif, de l’apparition d’une nouvelle espèce. Disons qu’il s’agit juste d’une nouvelle souche, un mutant !

Le véritable saut évolutif est sur la quatrième de couverture. Le prix : 80 francs (12,2€) en 1981, 22€ en 2007. Presque 100% d'augmentation. Dur, pour un livre qui n’a idéologiquement pas évolué. Mais c’est vrai qu’il est difficile de lutter contre cette redoutable pression de sélection : « l’inflation ».

19 mai 2007

Caipipirinha



"Pisser dans un violon", c'est bien connu, ne sert à rien. Par contre, "Pisser dans un glaçon" doit avoir un sens. C'est au Brésil, dans un restaurant de Rio de Janeiro, que je l'ai récemment découvert (photos). Je ne vois que deux explications à cette étrange pratique instaurée par les propriétaires de l'établissement : (1) réchauffer les glaçons, ce qui me paraît absurde (2) signifier aux clients qu'ils sont des "pisse-froids", ce qui au Brésil est peut-être un compliment. Quoi qu'il en soit, les dames pipi locales ne se contentent pas d'attendre la pièce tranquillement à la sortie. Elles viennent sans cesse remettre des glaçons dans la "caïpipirinha" !

10 mai 2007

Quelque part, oui. Mais où ?

A force d’entendre tout le monde ponctuer la moindre de ses phrases par « quelque part » j’ai fini par me demander quelle était la localisation précise de ce « quelque part ». Pas facile. Heureusement, j’ai été aidé dans cette quête, par une publication* très sérieuse de deux linguistes de l’Université de Strasbourg qui ont longuement réfléchi au sens de « quelque part ».

Chacun sait qu’habituellement, « quelque part » est un endroit bien précis que personne ne parvient à situer précisément. Il n’est pas « ici », ni « là » mais entre ici et là. Dans le dialogue qui suit, John et Barbara nous donnent un exemple de l'usage de ce «quelque part» : « Où vas-tu Barbara à cette heure avancée de la nuit ? » « Quelque part, John ! » « Mais où Barbara ? » « Cela ne te regarde pas John ». Barbara va peut être chez sa mère ou chez une vieille copine. John n’en sait donc rien. Il sait juste que cela se situe entre la mère et la vieille copine. Et entre la mère et la vieille copine, il peut aussi y avoir l’amant. Donc, avec ce « quelque part » John reste juste dans le flou.

Ca se complique sérieusement avec un autre « quelque part », celui de : « Pourquoi Barbara part à cette heure avancée de la nuit ? Quelque part, j'ai peur qu'elle ait un amant et ça me tord la nouille. » Ce « quelque part » là, quoi qu’en pense John, n’est pas dans son slip. C’est le « quelque part » de son inconscient, un pur produit de la psychanalyse. Ce genre de « quelque part » ne se trouve pas avec une carte et une boussole. Il faut au moins 20 ans de divan et quelques dizaines de milliers d’euros en espèces pour réaliser qu’il se situe entre le Ca et le Surmoi, c'est à dire entre les deux terrains vagues de l’inconscient qui entourent le Moi. Le flou est monté d’un cran, certes, mais John a botté le cul à son Œdipe. Et depuis il se sent mieux.

Reste ce dernier « quelque part » : « Si Barbara s’en va à cette heure avancée de la nuit, c’est que quelque part elle ne m’aime plus. ». Ce « quelque part » est impossible à localiser, pour la bonne est simple raison qu’il n’indique plus un lieu, même flou. Il remplace « d’une certaine manière ». Ce n’est qu’un moyen de tempérer tout le reste de la phrase. John pense que Barbara ne l’aime plus, mais d’une certaine manière il a du mal à l’accepter.

Conclusion : je pense que l’on ne s’interroge jamais assez sur le sens profond des mots. C’est parce que nous ne voulons pas vraiment savoir ce qu’ils veulent dire vraiment. Quelque part ça nous fait peur. Ils pourraient nous révéler des réalités difficiles à admettre, même si quelque part on s’en fout.

*« Quelque part : du spatial au non spatial en passant par l’indétermination et la partition. » Georges Kleiber et Francine Gerhard-Krait. French Language Studies, 16 (2006) 147-166

07 mai 2007

Le mystérieux sourire de Ségolène Royal


Ségolène Royal a perdu, avec le sourire.
Tout a été si vite dans cette soirée du deuxième tour, que personne n'avait pensé à lui défaire derrière les oreilles, les deux coutures qui lui retiennent depuis des semaines ce sourire si naturel.
Conséquence, elle a du déclarer sa défaite à la manière d'une victoire "J'ai perdu !" Avec le sourire !

Le Sarkofficiel

Nicolas Sarkozy est donc le nouveau président de la République Française. Voici déjà le portrait officiel qui devra être accroché dans toutes les mairies.

03 mai 2007

Je m'abstiens


C’est décidé, j’arrête de bolobolosopher sur la campagne présidentielle. La pensée bolobolosophique de Ségolène Royale et Nicolas Sarkozy, est largement supérieure à la mienne. Hier soir, lors du débat télévisé, je me suis senti humilié par leur maîtrise du Bolobolo, la seule langue universelle, qui je le rappelle, ne veut rien dire. Mais je reste beau joueur et vous livre ici quelques-unes des plus belles réflexions de ces deux maîtres es-bolobologie, qui très probablement alimenteront les discussions des cafés de bolobolosophie pendant des décennies. J'inscris par ailleurs ces deux personnalités sur la liste des candidats au "Bolobolo d'Or 2007"
(A noter, l'intégralité du débat est restranscrite sur Betapolitique)

D’abord deux quenelles de chiffre (précisons qu’en bolobolosophie, une quenelle de chiffre est une querelle de chiffre à la tenue un peu molle). Puis l’une des plus belles démonstration de rhétorique bolobologique sur les présidents de « ce qui marche » « ce qui ne marche pas » que l’on prendra garde à ne pas confondre avec des « présidents de ceux qui marchent » ou « de ceux qui ne marchent pas » incompatibles avec la polémique sur les enfants handicapés. Enfin, le meilleur pour la fin avec des aveux publics sur le plaisir sarko-masochiste.

Première quenelle de chiffres à propos de la récidive :

Nicolas Sarkozy « On ne peut plus continuer à avoir des individus qui viennent 50, 60 ou 70 fois devant le même tribunal. »

Ca c’est ce que l’on appelle de la bonne grosse récidive !

Ségolène Royale « Des peines adaptées, bien évidemment, au premier délit seront exécutées, car on sait bien que s’il y a une réponse au premier acte de délinquance, dans 70 % des cas, il n’y a pas de récidive. S’il n’y a pas de réponse au premier acte de délinquance, dans 70 % des cas, il y a récidive. »

Les statistiques, dans 70% des cas, ça tombe bien.

Deuxième quenelle de chiffres lors d’un échange assez vif sur la part du nucléaire en France :

Ségolène Royal : Vous défendez le nucléaire, mais vous ignorez la part du nucléaire.

Nicolas Sarkozy : Non. La moitié de notre électricité est d’origine nucléaire.

Ségolène Royal : Non, 17% seulement de l’électricité.

En fait, c’est 78 % et non 17 % selon Ségolène Royale ou 50 % selon Nicolas Sarkozy.

Président de ce qui marche

Ségolène Royal : Car je connais les sujets dont je parle et je sais que ce que je dis, je le réaliserai car je le vois fonctionner sur les territoires. Je suis allée dans les autres pays voir ce qui marche. Je serais la Présidente de ce qui marche, sans œillères, en regardant tout ce qui peut fonctionner. Je crois que je pourrai, ainsi, redébloquer la machine économique.

Nicolas Sarkozy : Si vous êtes la Présidente de ce qui marche, je veux être le Président qui fasse que ce qui ne marche pas marche, car si c’est pour être la Présidente de ce qui va, il n’y a pas de problème, les gens ne votent pas pour nous, pour que l’on complique ce qui va. Au contraire, ils votent pour que l’on répare ce qui ne va pas.


Et pour terminer, les aveux sur le plaisir sarko-masochiste :

Nicolas Sarkozy : Vous n’avez pas besoin d’être méprisante pour être brillante.

Ségolène Royal : Je connais vos techniques. Dès que vous êtes gêné, vous vous posez en victime.

Nicolas Sarkozy : Avec vous, ce serait une victime consentante !

Ségolène Royal : Tant mieux, au moins, il y a du plaisir.

Il y a de l'électricité dans l'air. Et cette fois, c'est pas du nucléaire !


Face à ces deux brillants agrégés de bolobolosophie, je ne peux que m’abstenir…

11 avril 2007

L'art contemporain de noyer le poisson



La plus grande difficulté de l'art contemporain consiste à comprendre ce que l’artiste a voulu exprimer. Je déconseille d'ailleurs fortement de pratiquer ce genre d'exercice en couple pour ne pas risquer la rupture, car personne ne voit la même chose et surtout personne ne voit ce que l’artiste a voulu exprimer, si c’est le cas. Mais il y a pire que cette quête de sens bien légitime devant une oeuvre qui peut sembler ésotérique : il y a le dossier de presse de l’exposition. Peu avant le vernissage, il parvient aux journalistes pour décrypter la fameuse énigme: "qu'est-ce que l'artiste a voulu dire ?" A priori, ce devrait être un grand soulagement pour le journaliste qui désormais dispose de quelques ressources pour les conversations du vernissage.

Mais ce n'est pas toujours le cas. La preuve : je viens justement de recevoir le dossier de presse de l’exposition « Airs de Paris » qui se tiendra au centre Pompidou du 25 avril au 15 août. Je me suis efforcé de le lire en me disant qu’en apprenant quelques passages par cœur, ça m’aiderait pour le cocktail. Malheureusement, toute ma bonne volonté a été stoppée net par le paragraphe qui suit. C’est tout particulièrement en lisant la partie soulignée que j’ai décidé de ne pas aller à ce vernissage.

Je n'ai toujours pas compris ce que l'artiste a voulu dire !


« Fin 2006, les cendres de l’acteur américain James Doohan (1920-2005), le fameux «Scotty » de la série télévisée Star Trek, sont dispersées dans l’espace par Space Services, Inc., une entreprise spécialisée dans les funérailles spatiales1. L’événement excède la biographie – il déplace l’existence ou l’histoire vers le sens ultime, cosmique. Ce changement de perspective éprouve une fois encore les limites réciproques du discours de réalité et du récit de fiction qui, échappant à la saturation du sens qui guette les simples oppositions binaires, ouvrent à propos des champs interprétatifs d’indifférenciation, de complémentarité, d’interférence, d’interaction, ou encore de concurrence…»

06 avril 2007

La machine... a voté

Difficile ces temps-ci de passer à côté de la polémique sur les machines à voter électroniques qui seront utilisées pour les présidentielles (voir les deux articles de Sciences et Avenir de septembre 2006 et avril 2007 et le site des opposants à ces machines, ordinateurs-de-vote.org). L’essentiel du débat repose sur le fait que le vote sur ces machines est invérifiable, autrement que par la machine elle-même. Si la machine a été correctement piratée, le résultat du vote qu’elle délivrera sera celui que le pirate lui aura indiqué à l’avance. Or, ce piratage est lui aussi, potentiellement invérifiable. Il y a donc une crise de confiance entre ces nouveaux moyens de vote et les électeurs. La crainte : la machine va-t-elle voter pour nous ?

Cette confiance risque d’être difficile à reconquérir. Cette semaine, lors d’une conférence de presse organisée par l’un des trois fabricants de machines à voter agrées en France, le représentant officiel de ce fabricant a déclaré : « Le ministère de l’intérieur nous délivrera probablement la certification de notre machine après les présidentielles. Il préfère attendre que la tempête médiatique sur le sujet, se calme. » Ce drôle d’aveu révèle une étonnante proximité entre une entreprise privée en attente d’une certification de sa machine et le ministère de l’intérieur, chargé du bon déroulement des élections en France et donc de la certification de ces fameuses machines. Surtout, cette bourde indique la gestion de la crise par le ministère de l’intérieur, qui préfèrerait attendre que les élections soient passées pour certifier une nouvelle machine.

Dommage pour le fabricant qui, très confiant, avait déjà confié son nouveau modèle à l’un de ses plus gros clients, une municipalité de la région parisienne. La mairie en question devra donc attendre le prochain scrutin pour tester ces nouvelles machines.