Le créationnisme, qui considère que l’homme, les animaux, les plantes, la Terre, l’univers etc… sont l’œuvre d’un Créateur, reste une croyance qui comme toutes les croyances fait appel à la foi où à l’un de ses sous-produits, comme la « conviction », le « sentiment profond » voire « l’intuition ». Pas besoin de la justifier, de l’expliquer, de la mettre en équation pour la prouver, tant foi et démonstration scientifique sont par nature, antinomiques. Et pourtant, c’est bien là une des plus importantes occupations des créationnistes : la création peut être expliquée par l’évolution. Cette entreprise est surtout menée avec assiduité aux Etats-Unis par les fondamentalistes qui vont jusqu’à considérer que la Création s’est bien faite en 6 jours de 24 heures selon l’ordre indiqué par la Genèse. D’autres comme les Témoins de Jéhovah font quelques concessions sur ce temps générateur du Tout mais considèrent eux aussi que la Création peut s’expliquer par la science. Enfin, les courants les plus modérés sont notamment représentés par l’église catholique qui pourtant, jusqu’à une encyclique du Pape en 1996 ne reconnaissait pas la théorie de l’évolution. Cette reconnaissance tardive n’avait pas empêché d’illustres dévots comme Theillard de Chardin d’anticiper ce revirement en tentant le mariage contre-nature du créationnisme et de l’évolutionnisme.
Dernièrement, c’est la réédition d’un petit ouvrage des éditions du Cerf qui m’a ramené sur ce terrain. En 1984 dans sa première édition, l’ouvrage s’intitulait « Pour lire la Création dans l’évolution ». L’objectif était de donner aux catholiques quelques clés pour accepter la théorie de l’évolution sans pour autant remettre en question ses convictions religieuses. En résumé, l’évolution ok, mais dirigée par un Grand Ordonnateur et vers plus de complexité, c'est-à-dire l’Homme. Une tendance à la complexification démentie par la réédition de 2007, dans laquelle le titre a lui, évolué vers plus de simplicité. Il est passé de « Pour lire la création dans l’évolution » à « Pour lire la création, l’évolution ». En évolutionniste primaire, je vois dans la disparition de ce « dans » un schéma classique de la théorie de l’évolution. Le titre a été victime d’un processus évolutif simplificateur. L’un des ses attributs ancestraux, le fameux « dans », ne servant plus, il a été contre-sélectionné. D’où sa disparition. Une adaptation logique à un environnement devenu en deux décennies, de plus en plus hostile au créationnisme.
Ce changement est un véritable saut évolutif, en apparence. « Lire la création dans l’évolution » avait pour vocation de convaincre les croyants que leur foi ne devait pas être contrariée par une théorie scientifique de plus en plus difficile à renier. Avec le titre « Lire la création, l’évolution », la cible a changé. Le livre s’adresse à tout ceux qui veulent comprendre ces deux conceptions de l’univers, alors qu’en réalité, il reste un livre qui tente d’extraire au forceps ce que la science pourrait concéder à la religion. On est donc bien loin du fameux saut évolutif, de l’apparition d’une nouvelle espèce. Disons qu’il s’agit juste d’une nouvelle souche, un mutant !
Le véritable saut évolutif est sur la quatrième de couverture. Le prix : 80 francs (12,2€) en 1981, 22€ en 2007. Presque 100% d'augmentation. Dur, pour un livre qui n’a idéologiquement pas évolué. Mais c’est vrai qu’il est difficile de lutter contre cette redoutable pression de sélection : « l’inflation ».
1 commentaire:
http://fr.youtube.com/watch?v=-T2OqcyQ53A
Un petit lien pour prouver le bien fonder de la théorie de l'évolution.
Enregistrer un commentaire