18 février 2009

La chronométropathie, une maladie négligée

Chronométropathes en fin de crise


La chronométropathie, souvent appelée à tort « métropathie », est une maladie rare mais contagieuse et potentiellement épidémique. Elle sévit essentiellement dans les stations de métro parisiennes aux heures de pointes. Ses symptômes sont assez bien connus : le malade marche tranquillement dans les couloirs vers sa station. A une cinquantaine de mètres du quai, s’il voit ou entend l’arrivée d’une rame, il est subitement saisi de tremblements frénétiques incontrôlables. Son visage se crispe, ses bras se contractent autour de son sac qu’il sert très fort contre sa poitrine et brutalement ses jambes se mettent à courir en direction du quai. Cet état caractéristique est qualifié par les spécialistes, de « crise chronométropathique » ou encore « chronométropatite aiguë ». La crise se termine brusquement, dès que l’individu a réussi à sauter dans le wagon. Mais dans la plupart des cas, il échoue. Les portes se sont fermées juste sous son nez provoquant alors une terrible frustration doublée d’une paranoïa dite chronométropathique. En clair, il a l’impression que tout le monde se moque de lui. Mais ce n’est pas là la situation la plus grave. Il arrive qu’une simple crise dégénère en chronométropathite schizophrénoïde sévère : le malade est persuadé qu’une partie de son corps est dans le wagon, alors que l’autre partie est restée sur le quai. Dans ses manifestations les plus graves, la chronométropathite schizophrénoïde peut s’avérer très handicapante, voire mortelle. Les sujets mâles qui y ont survécu témoignent notamment d’intenses douleurs testiculaires qui surgissent précisément au paroxysme de la crise.

Même si le mode de transmission de cette maladie souvent négligée, n’a pas encore été identifié, son caractère hautement contagieux et épidémique ne fait aucun doute. Des observations de terrain ont montré qu’il suffisait qu’un individu soit pris d’une crise devant un groupe d’usagers, pour qu’une bonne partie de ce groupe cède aux mêmes troubles.

Malheureusement, la mise au point d’un traitement ou d’un vaccin n’est pas d’actualité. Les scientifiques ne sont pas encore en mesure de dire quels sont les déterminants de cette étrange maladie. Certains ont avancé l’hypothèse d’un contrôle génétique sans parvenir à le démontrer de façon convaincante. D’autres estiment qu’il s’agit d’une pathologie purement environnementale. Cette hypothèse s’appuie sur une étude expérimentale qui a montré que si l’on simulait une crise de chronométropathie devant un groupe d’individus dans la rue, cela ne déclenchait aucune réaction. Mais la chronométropathie, ne pouvant s’exprimer par définition que dans le métro, cette étude souffre d’évidents biais d’échantillonnage.

Signalons tout de même cette autre hypothèse : le chronométropathe pourrait être une sorte de débile léger, suffisamment lucide pour aller travailler en prenant le métro, mais incapable de comprendre qu’aux heures de pointes, il y a un métro toutes les deux minutes !

1 commentaire:

laurent nicolas a dit…

combien y a t il de chronopathe par rame sachant qu'un chronopathe peut en cacher un autre ...


merci