10 février 2007

Le début de la fin


Deux choses obsèdent l’Homme : les origines et la fin. Généralement, notre passé nous fascine, nous intrigue, car avec assez peu d’imagination, il peut être l’objet de tous les fantasmes et de toutes les illusions. Chacun le voit à sa façon selon qu’il est plutôt scientifique, religieux ou Paco Rabane. Le futur, lui, inquiète, surtout si l’on vit plutôt bien, dans un pays riche, sans soucis majeurs. Et ça se comprend : qui n’aurait peur de perdre tout cela ? Là encore, nous imaginons ce futur selon que nous sommes plutôt scientifique, religieux ou Paco Rabane, avec une appréhension plus ou moins grande. Mais laissons de côté la question du futur, car il n’y a aucune trace, aucun écrit, aucun os ou fossile qui nous aide à l’imaginer sereinement. En plus, le passé occupe un espace grandissant dans nos esprits et notre présent. Or, déjà qu’il n’est pas simple de penser à son propre passé, voilà que le cinéma nous amène à nous interroger sur le passé de personnages qui n’existent pas. Je fais référence à cette tendance assez récente, de réalisations qui reviennent aux origines d’une série qui justement n’a pas commencé par le début. C’est particulièrement le cas en ce moment avec la sortie de « Hannibal Lecter, les origines du mal » et « Massacre à la tronçonneuse, le commencement.» sans oublier « Batman Begins » en 2005. Bref, ce sont-là les débuts toujours tourmentés de personnages fictifs parmi les plus tourmentés. De quoi tourmenter les vrais gens pas forcément tourmentés. Et ce d’autant plus que dans la logique cinématographique, ces débuts ont pour vocation d’être des fins. C’est ce que l’on appelle au sens propre, le début de la fin. La prochaine fois nous laisserons le passé et le futur pour tenter de réfléchir au présent. Une tâche selon moi impossible car nous n’avons matériellement pas le temps de penser à l’instant t, à l’instant t. Nous ne pouvons penser à l’instant t qu’à l’instant t1. Trop tard.

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