Les boeufs-carottes sont cuites
Acrimed se présente
Publié le dimanche 21 juillet 2002
« Action-CRItique-MEDias [Acrimed] est, comme son nom l’indique, une association de critique des médias qui se propose de se constituer en Observatoire des médias et d’intervenir publiquement, par tous les moyens à sa disposition, pour mettre en question la marchandisation de l’information, de la culture et du divertissement, ainsi que les dérives du journalisme quand il est assujetti aux pouvoirs politiques et financiers et quand il véhicule le prêt-à-penser de la société de marché. »
Breeeuuuh ! Cette présentation d’Acrimed, me fait frémir. A chaque fois que j’écris un papier, je le relis au moins cinq fois : la première fois pour m’assurer que je me comprends bien, la deuxième pour corigé les fote d’ortografe, la troisième pour corigé les faute d’orthographe, la quatrième pour corriger les fautes d’orthographe et la cinquième pour vérifier que mes propos ne véhiculent pas le « prêt-à-penser de la société de marché ».
J’accorde la plus grande attention à la cinquième lecture, car si des éloges au grand capital se sont glissées dans mon texte et ce contre mon gré (je le jure), je risque la sanction d’Acrimed. Un mot agréable sur un patron et paf ! Acrimed me fout à l’index avec tous les autres journalistes qui mettent leur plume au service du « prêt-à-penser de la société de marché ». Du coup, je m’autocensure. Je m’oblige à ne dire que du bien de José Bové ou du Sous commandant Marcos, car là au moins, je ne risque pas d’être taxé de journaliste à la solde du prêt à penser altermondialiste, par exemple.
Bref, Acrimed est une initiative dérangeante. Non pas pour sa vocation à critiquer les médias, bien au contraire. Mais parce que ses membres se sont constitués en Observatoire des médias, avec en plus un pouvoir de sanction. Ce sont les bœufs-carottes de la presse. Mais cette police des polices fait exactement le contraire de ce qu’elle prône. Elle combat une idéologie dans les médias pour en imposer une autre. Or, j’ai toujours cru, peut-être un peu naïvement, qu’une des règles élémentaires du journalisme, était de se défaire de l’idéologie, du dogme, de la croyance. J’ai donc quelques inquiétudes quant aux véritables motivations d’Acrimed. Je me méfie toujours des polices autoproclamées. En particulier des polices qui s’attaquent à la pensée et à la liberté d’expression. Je comprends les aspirations de la plupart des journalistes et des membres divers d’Acrimed à disposer là d’une tribune d’expression libre, d’un éditorial, d’un billet d’humeur. Mais ils devraient plutôt faire comme moi : se contenter de renvoyer leurs frustrations rédactionnelles et accessoirement militantes (qui n’ont rien à voir avec le journalisme) sur un blog. Finalement Acrimed est un drôle de bousin, un endroit où l’on fait beaucoup de bruit sur une réalité pour en cacher une autre.
NB : je n'ai relu ce texte que deux fois. Merci de ne pas tenir compte des fautes d'orthographe !
2 commentaires:
N'avez-vous lu d'Acrimed que leur définition ou bien avez-vous jeté un oeil à leurs articles ?
J'en doute un peu et je crains que vous ne soyez vous-même victime d'un certain dogmatisme, bien que vous vous en défendiez. C'est celui qui consiste à croire que les journalistes sont vierges de toute idéologie, de toute croyance, de toute pensées (?) abrités qu'ils se croient derrière les "faits". Acrimed est née après les contestations des réformes Juppé fin 1995. Des intellectuels se sont offusqués des présentations et des représentations du mouvement social dans les médias. Grosso modo, ils ont fait le constat qu'effectivement la plupart des médias ont véhiculé le "prêt-à-penser de la société de marché" qui veut faire croire que ces réformes sont naturelles, nécessaires, incontournables... Mais ce "véhicule" n'utilise pas les gros sabots de la propagande (et 5 relectures ne suffisent parfois pas à le voir !).
Vous présentez Acrimed comme une "police de la pensée" avec un "pouvoir de sanction". De quel pouvoir parlez-vous ?
Est-ce Acrimed qui a fait fuir les lecteurs de Libé après l'éditorial de July insultant pour ses acheteurs le 30 mai 2005 (referendum sur la constitution) ?
Je ne vois pas pourquoi vous refusez le droit de critiquer les journalistes. Je vous rappelle que cette profession bénéficie du monopole de la critique publique et qu'elle ne s'en prive pas (sur les hommes politiques, les foncitonnaires, les médecins...). Diriez-vous d'un critique cinéma qui "descend" un acteur ou un metteur en scène qu'il est un "boeuf carotte" ?
Je vous rappelle que les journalistes, en publiant, exercent un métier public. Toutes les informations d'Acrimed proviennent des textes, des paroles de journalistes. Il n'est pas question d'aller fouiller dans leurs poubelles. Je ne vois pas en quoi dire que tel journaliste a "oublié" tel fait, ou qu'il invite toujours les mêmes, ou qu'il fait l'éloge du livre de son propre éditeur, ou qu'il "s'emballe" sur des rumeurs ou qu'i y a de la censure... est un obstacle à la liberté d'expression. Bien au contraire ! La soudaine prise de conscience des journalistes des Echos d'un phénomène qu'Acrimed critique depuis des années en est une preuve récente...
Enfin, Acrimed critique un certains nombres d'articles mais ne fait pas étalage de ses propres opinions, désolé (En plus, si je vous dit que Besancenot et Bové, dans leurs rapports aux médias, sont des cibles récurrentes vous serez surpris). Elle aussi ne s'intéresse qu'aux faits.
Et à ce titre pourrait accepter des critiques sur le même plan (mais pas comme vous le faîtes), c'est-à-dire sur pièces.
P.S : je suis anonyme mais pas dans le bureau d'Acrimed
Cher(e) Anonyme,
Je partage vos idéaux pour la liberté d'expression jusqu'aux frontières de l'expression idéologique. Le journalisme s'arrête en effet à "l'opinionmanie". Bien sûr, ce n'est jamais parfait car il arrive que le journaliste se laisse quelques fois emporter par ses propres opinions. Mais je préfère ce modèle d'information à celui que propose les "opinionmaniaques" qui prétendent faire du journalisme.
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