19 janvier 2007

Du danger de prendre des risques


Deux choses me font terriblement peur : me retrouver dans une voiture avec ma mère au volant et lire les communiqués de presse de la Commission de la Sécurité des Consommateurs (CSC). J’ai résolu ma première angoisse en passant mon permis de conduire dès les premières semaines de mes 18 ans. Question de survie. Par contre, pour les communiqués de presse de la CSC, je les reçois encore régulièrement et j’en souffre. Pour comprendre ma douleur, il faut savoir que cette commission indépendante a pour vocation de vous rappeler à quel point la vie est dangereuse, voire mortelle. Sa mission consiste, d’une certaine manière, à faire l’inventaire de tous les dangers potentiels que présentent vos pratiques habituelles ou occasionnelles (par exemple le vélo, le tennis, la pêche à la ligne etc…) ainsi que les objets qui vous entourent (la tondeuse à gazon, la perceuse, le barbecue, la corde à sauter, les aiguilles à tricoter…). Le dernier communiqué que j’ai reçu le 15 janvier me mettait en garde contre les trampolines à usage familiale. Ces trampolines, que l’on installe habituellement dans le jardin pour les enfants sont aussi très appréciés des beaux-frères. D’ailleurs, quand le week-end, le beau-frère vient à la maison pour l’essayer, il convient de garder à porter de main un caméscope. Normalement, entre le troisième et le cinquième rebond, la trajectoire du beau-frère est étrangement déviée sur le bord. La réception se fait sur le cadre métallique au niveau de l’entrejambe, avec un pied coincé dans les ressorts et l’autre libre, mais à l’extérieur du trampoline. Même sommairement filmé, ce genre de scène peut faire le tour du monde des émissions de télévision type Vidéo Gag. De quoi gagner un peu d’argent en quelques minutes et sans trop d’effort.
Mais à la CSC, on ne plaisante pas avec le malheur des autres. On teste les engins, on trouve les dangers potentiels et on les révèle aux journalistes pour qu’ils accomplissent leur devoir : informer les gens et accessoirement, les protéger contre les risques qu’ils encourent lorsqu’ils s’amusent. Quand la CSC évalue les trampolines, cela donne à peu près ceci : entre 1999 et 2003, 482 accidents de trampoline ont été recensés. 18% concernés des trampolines à usage familial. Premières victimes, les enfants de 5 à 14 ans (rien sur les beaux-frères ?). Ils représentent 73% des accidentés avec des traumatismes divers : contusions (53%), entorses (21%) et fractures (16%). La CSC a bien sûr testé les engins. C’est à mon avis la partie la plus distrayante du boulot des testeurs. Mais sur les 6 trampolines du marché passés aux cribles, les Croisés de la sécurité ont noté, entre autres, que les notices d’utilisation n’étaient pas claires ou incomplètes quant aux risques. La consigne « Rebondir sur le trampoline » ne suffit probablement pas pour un bon usage de l’engin. Les fabricants devraient peut être ajouter « Ne pas tenter de réceptions avec la barre métallique entre les jambes. » ou encore « Ne pas tomber à côté du trampoline » ou « Ne pas laisser les beaux-frères utiliser le trampoline avec une tronçonneuse dans les mains ». Bref, le credo de la CSC est probablement : « Le risque zéro n’existe pas et on vous le prouve. »
Si je m’angoisse à chaque fois que je lis un communiqué de cette Commission bienveillante, c’est parce que je repense aux cadeaux que j’ai pu offrir à mes proches et amis, notamment pour Noël. Et là je réalise mon inconscience. Pourquoi ai-je offert un fer à repasser à ma soeur ? Ca brûle un fer à repasser. Si on le confond avec le téléphone, on peut y laisser la moitié du visage. Même froid, c’est dangereux. S’il tombe sur le pied, il peut très bien casser deux orteils. Quel idiot d’avoir acheter une casquette à mon neveu. S’il la met en faisant du vélo, elle pourrait très bien lui tomber sur les yeux. Il risquerait alors de chuter et de s’écorcher le genou. D’ailleurs, ça sera bien fait pour lui car comme l’a toujours indiqué la CSC, on ne fait pas de vélo avec une casquette, mais avec un casque. Bon c’est vrai, si à Noël j’ai choisi un tout petit trampoline de jardin pour mon beau-frère, c’est parce que j’avais une idée derrière la tête. (Je venais juste de m’acheter un caméscope !). Mais je jure que je regrette maintenant. D’ailleurs, c’est décidé, l’année prochaine je n’offrirai que des livres. Des livres que j’aurai lus avant, afin de m’assurer qu’ils ne contiennent pas de propos à risque. Et pour les plus gros, je recommanderai de les stocker le plus bas possible (pour éviter d’éventuels traumatismes crâniens) tout en les mettant suffisamment haut pour qu’ils soient hors de portée des enfants. Comme on dit à la Commission de la Sécurité des Consommateurs : on est jamais trop prudent face aux risques potentiels !

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